Mesdames, messieurs, chers collègues,
Nous sommes réunis aujourd’hui pour le premier débat d’orientation budgétaire du mandat.
Ce débat est prévu au Code Général des collectivités territoriales et c’est un moment particulièrement important dans la vie politique de notre agglomération puisqu’il va permettre aux élus de prendre connaissance et déchanger sur la base de l’orientation budgétaire proposée par l’équipe en place.
C’est un moment fort pour la municipalité qui définit les axes majeurs de sa politique générale et la stratégie financière qui en découle : C’est le moment où la ville, tout en étant ancrée dans le présent doit regarder l’avenir avec ambition. Le budget est ainsi fixé entre présent et avenir, entre idéologies et réalité entre ambition et pragmatisme au service des habitants.
Alors bien sûr, ce budget s’inscrit dans un certain contexte national et local, aujourd’hui fortement perturbé.
La crise sanitaire a des conséquences économiques avec un ralentissement de l’activité et des conséquences sociales qui risquent de s’accroitre.
Parallèlement notre modèle de développement est à bout de souffle puisqu’il provoque en particulier :
– Des déséquilibres sociaux avec l’accentuation des inégalités (les riches s’enrichissent et les pauvres s’appauvrissent)
– Des déséquilibres environnementaux qui influence le dérèglement climatique (50 ° l’été, ça sera une réalité pour nous tous ici en Alsace, d’ici quelques années)
Et enfin le budget de la municipalité est contraint par différentes réformes fiscales en cours.
Inévitablement, ce contexte pèse sur la vie publique et oriente les décisions politiques de nos villes.
Alors quelles sont les grandes lignes du budget proposé par la municipalité en place ?
Votre budget s’appuie sur la définition « d’enjeux majeurs », de principes de gestion etde propositions de stratégie budgétaire pour 2021
Ainsi vous annoncez la mise en œuvre, je cite de « plusieurs projets majeurs » : la réhabilitation de l’école At Home, la rénovation du bâtiment le Sapin Vert, la rénovation des gymnases Ried et Lamartine, Le projet groupe scolaire des Prunelliers et la poursuite de dépenses courantes. Ce sont de bonnes perspectives qui ne pourront que réjouir les Bischheimois.
– Cependant vous avez mis la patience des Bischheimois à rude épreuve puisque le Projet du sapin vert était déjà dans vos promesses de campagne de 2014. Et nous regrettons que la concertation promise autour de ce projet soit à ce jour encore et toujours « la grande absente » !!
– Réhabiliter l’école At Home et y prévoir l’accueil de nouvelles classes était devenuincontournable et en lien avec votre politique d’urbanisation forte de Bischheim. Question : Aurait-on pu l’anticiper davantage ?
– La rénovation des gymnases Ried et Sapin vert est en cours de négociation avec l’EMS. Le coût de remise aux normes serait plus important que le chiffrage initial. La municipalité aurait elle trop tardé à inscrire ces travaux au budget, provoquant ainsi un surcout ?
Alors, en prenant connaissance des enjeux majeurs que vous définissez pour notre ville de Bischheim, nous sommes à la fois surpris et inquiets tant votre vision nous semble déconnectée des véritables enjeux du 21e siècle. Quelle est la feuille de route pour la ville de BISCHHEIM face au triple défi environnemental, social et démocratique ? Ces défis figuraient pourtant dans vos engagements de campagne !! Pour autant, même entre les lignes de vos orientations budgétaires, le compte n’y est pas !
Pour ce qui est de la mise en œuvre du budget, vous vous appuyez sur plusieurs principes de gestion : poursuivre les efforts entrepris sur la section de fonctionnement, optimiser les recettes réelles, moderniser les équipements communaux et maitriser durablement l’endettement
– Sur la section fonctionnement, vous projetez : une baisse des dépenses de – 2.92% et une légère hausse des recettes de + 0.84% donc on continue à réduire le budget de cette section. Bien gérer la dépense publique est un objectif louable. Mais prenons garde à ce que cette politique volontariste ne se fasse pas au détriment d’une certaine qualité de vie au travail et des moyens nécessaires à l’exercice des missions de service publique qui sont indispensables au fonctionnement de notre société. La crise sanitaire en a été un révélateur.
– Optimiser les recettes nous semble être pertinent et doit être prolongé et accentué chaque fois que possible en recherchant systématiquement les aides qui permettent de financer les projets y compris au niveau européen.
– Moderniser les équipements communaux, consiste sauf erreur de lecture, en grande partie à dématérialiser et augmenter la numérisation des services. Attention cependant à ne pas déshumaniser le service public et à ne pas laisser pour compte les citoyens en difficultés face à ces nouveautés…
– Pour finir, vous annoncez un budget d’investissement à hauteur de 2 millions pour les dépenses récurrentes et 3.5 millions pour les nouvelles dépenses (At home et Sapin vert) avec une volonté de maitrise durable de l’endettement. Ainsi les projets sont financés en grande partie par autofinancement et subventions et pour le reste par le recours à l’emprunt avec une stratégie d’emprunt global d’un montant de 5 000 000.00 € sur la période 2021-2025
Votre proposition de budget suscite craintes et interrogations
Pour ce qui est de vos engagements en matière de DD
Nous avions été surpris lors de la campagne électorale que vous partagiez avec nous certaines propositions pour les Bischheimois qui plus est quand vous avez nommé un adjoint au DD. Mais à la lecture de vos propositions budgétaires nous sommes inquiets pour nos concitoyens !
Nous avons bien noté la budgétisation de plantation d’arbres et de quelques dépenses courantes en faveur du DD… Mais face à un dérèglement climatique aujourd’hui analysé comme un risque systémique pour l’économie mondiale, l’engagement est pour le moins timide… Avez-vous bien pris toute la mesure des enjeux ?
Est-il toujours question du projet de ferme urbaine, de la mise en œuvre du « plan climat », du soutien aux initiatives citoyennes dans le cadre du DD ?
Si oui ou sont les financements pour ces projets structurants de l’action municipale ?
Pour ce qui est de votre engagement en matière sociale : Ou sont les moyens pour répondre à l’urgence sanitaire et sociale ? ou sont les moyens de la solidarité ? ou sont les moyens pour soutenir les projets en direction de la jeunesse ? Ou sont les moyens pour l’amélioration du cadre de vie ?
En ce qui concerne l’engagement pour la Démocratie locale : Quel est le budget au service de la démocratie participative ?
En fait ce budget au service d’une politique d’austérité permanente apparait plus comme un budget de « rattrapage » qui permet de combler le retard pris sur certaines dépenses. Les investissements y restent contraints au service d’une dette par habitants que l’on a depuis des années contribuées à faire baisser (720.48 € par habitants en 2020 contre 1248,38 en 2012). Nous avons bien compris que le trop d’endettement était au cœur de vos préoccupations.
Alors oui le niveau d’endettement de la ville de BISCHHEIM est largement maitrisé et estloin aujourd’hui, avec 2.9 ans de capacité de désendettement, des 8 ou 10 ans que vous vous fixez comme seuil à ne pas dépasser.
Alors oui, les grands équilibres budgétaires sont là et la ville bénéficie d’une gestion saine.
Mais est-ce une fin en soi ? Doit-on contraindre la vision politique au service du budget ou mettre le budget au service de la politique ?
Dans le contexte actuel avec des taux d’intérêt faibles, l’heure est à la relance économique : L’idée est partagée par de nombreux économistes, le gouvernement a mis en place un plan de relance et la Banque centrale européenne elle-même a intégré la soutenabilité environnementale dans son mandat de gestion.
Alors pourquoi ne pas desserrer l’étau de l’orthodoxie budgétaire et prendre part au soutien de l’économie par la dépense publique tout en visant une soutenabilité environnementale. Il faut bien avoir à l’esprit que la seule dette qu’on ne pourra rembourser, c’est la dette écologique.
Les habitants ont besoin de services, d’infrastructures, de qualité de vie et de tout ce qui fait l’attractivité de la ville. Or aujourd’hui Bischheim perd des habitants. N’y a-t-il pas ici non plus de questions à se poser ?
Nous aurions souhaité pour BISCCHEIM que les investissements et les choix qui sont faits la conduise dans une transition écologique et dans la construction d’une ville solidaire qui prend soin des plus fragiles.
